La logistique représente, à elle toute seule, plus de 10 % des émissions de gaz à effet de serre en France. Ce chiffre montre bien l’urgence d’agir pour transformer les pratiques du secteur. Non ! La logistique durable n’est plus une option ! Elle est devenue une nécessité pour toutes les entreprises qui veulent réduire leur impact environnemental.
Il faut donc repenser l’ensemble de la chaine de transport et d’approvisionnement.
Mais si cette démarche demande des efforts, elle permet aussi de concilier responsabilité environnementale et performance économique.
Si vous vous demandez par où commencer pour mener cette transition à bien, voici 10 conseils pour engager votre entreprise sur la voie d’une logistique plus durable et plus performante.
Comprendre les enjeux d’une logistique durable
Avant de mettre en place des actions concrètes, il est important de comprendre pourquoi vous le faites. Car la logistique durable ne se limite pas à la simple réduction des émissions de CO2. Elle s’inscrit dans une démarche plus globale sur la façon dont les entreprises gèrent, organisent et optimisent leur supply chain, de la production à la distribution.
La logistique verte : un levier stratégique, pas seulement écologique
Trouver des solutions plus respectueuses de l’environnement, c’est aussi un investissement stratégique qui améliore la rentabilité à long terme. En repensant le transport de marchandises, la gestion des stocks et des flux, une entreprise peut réduire à la fois ses émissions et ses dépenses.
Optimiser les trajets, mutualiser les livraisons ou encore adapter la palettisation permet, par exemple, de diminuer la consommation de carburant et donc les coûts d’exploitation.
Cette approche encourage une utilisation plus intelligente des ressources. Un entrepôt mieux isolé, un parc de véhicules entretenu ou une flotte modernisée entraînent une baisse durable des charges énergétiques et de maintenance.
Par ailleurs, adopter une démarche de logistique plus verte renforce la résilience de l’entreprise face aux évolutions du marché. Moins dépendante des fluctuations des prix de l’énergie et plus efficace dans la gestion de ses opérations logistiques, elle gagne en stabilité et en compétitivité.
Finalement, la performance économique et la performance environnementale ne s’opposent pas. Elles avancent ensemble.
Pourquoi s’y engager dès maintenant ?
Les attentes des clients et des donneurs d’ordre évoluent rapidement. Ils exigent de plus en plus de transparence sur l’impact environnemental de leurs fournisseurs. Et cette pression vient aussi bien des grandes entreprises que des consommateurs finaux.
Dans de nombreux secteurs, la capacité à réduire son empreinte environnementale devient même un critère de sélection dans les appels d’offres.
En parallèle, la réglementation française et européenne se durcit. Les obligations RSE s’étendent progressivement à toutes les tailles d’entreprise. Entre la stratégie nationale bas carbone, la directive européenne sur la responsabilité sociétale des entreprises (CSRD) et la mise en place des zones à faibles émissions (ZFE), les obligations se renforcent chaque année.
Les transporteurs doivent adapter leurs véhicules, optimiser leurs trajets et améliorer la traçabilité de leurs données environnementales. Et dans ce domaine, mieux vaut anticiper ces évolutions que les subir.
Vous pouvez faire de cette transition un véritable avantage concurrentiel. Une entreprise qui communique clairement sur ses engagements inspire confiance, attire de nouveaux partenaires et fidélise plus facilement sa clientèle. En parallèle, les actions menées se traduisent par des économies tangibles sur le long terme.
N’attendez plus…
Optimiser les itinéraires de transport pour une logistique plus écologique
Réduire les distances inutiles est la première étape vers une logistique plus sobre. Une planification efficace des trajets permet d’économiser du carburant, de limiter l’usure du matériel et d’améliorer la ponctualité des livraisons.
Les logiciels de gestion de tournées (TMS) calculent automatiquement les meilleurs trajets en fonction du trafic, des horaires de livraison et de la capacité des véhicules.
Ces outils :
- réduisent les distances parcourues de 10 à 20 % en moyenne,
- diminuent les trajets à vide de 15 à 25 %,
- et optimisent le taux de remplissage.
La mutualisation des livraisons est un autre levier important. Plutôt que d’envoyer plusieurs camions à moitié vides, vous pouvez regrouper vos expéditions avec d’autres entreprises qui livrent dans la même zone. L’affrètement collaboratif permet de maximiser le taux de remplissage des véhicules et de diviser les coûts de transport.
Développer le transport multimodal au service de la logistique durable
Le transport multimodal repose sur la combinaison de plusieurs modes : route, rail, maritime ou fluvial. Cette approche permet de limiter la part routière des trajets longs. Elle s’intègre de plus en plus dans les chaînes logistiques régionales et nationales, notamment grâce à l’évolution des infrastructures.
Le multimodal réduit les émissions de CO₂, mais aussi la dépendance aux carburants fossiles et la congestion routière.
À long terme, il contribue à stabiliser les coûts logistiques et à renforcer la fiabilité des livraisons.
Moderniser sa flotte de véhicules pour réduire l’empreinte carbone
Votre flotte de véhicules représente probablement votre principal poste d’émissions. La moderniser devient donc une priorité.
Les véhicules récents respectent la norme Euro 6, qui limite considérablement les émissions de particules fines et d’oxydes d’azote. Si vous circulez en zone urbaine, cette norme est même obligatoire avec la multiplication des zones à faibles émissions.
Plusieurs alternatives au diesel traditionnel existent désormais :
- Le bioGNV (gaz naturel pour véhicules issu de la méthanisation) réduit les émissions de CO₂ de 60 à 80 % par rapport au diesel. Il convient parfaitement aux poids lourds et aux flottes de livraison urbaine.
- L’électrique s’impose pour les utilitaires légers et les tournées courtes avec des infrastructures de recharge adaptées.
- L’hydrogène commence à équiper les longues distances, même si la technologie reste coûteuse.
Avant d’investir, évaluez précisément vos besoins.
La distance parcourue quotidiennement, le type de marchandises transportées et les infrastructures disponibles orientent le choix de motorisation.
Et n’oubliez pas l’entretien préventif de vos véhicules actuels. Un moteur bien réglé, des pneus correctement gonflés et une révision régulière réduisent la consommation de 5 à 10 %.
Former les conducteurs à l’éco-conduite, un levier clé de la logistique durable
Vos chauffeurs sont en première ligne de votre démarche environnementale. Leur façon de conduire influence directement la consommation de carburant et l’usure des véhicules. Une formation à l’éco-conduite permet de réduire la consommation de carburant de 5 à 15 % selon les profils de conducteurs. Sans aucun investissement lourd !
L’éco-conduite repose sur des gestes simples mais efficaces qui améliorent aussi la sécurité routière. Il s’agit d’apprendre à anticiper, à maintenir une vitesse stable, à utiliser le frein moteur et à éviter les accélérations inutiles.
Une formation ponctuelle ne suffit pas. Pour être efficace, elle doit s’inscrire dans la durée. L’installation d’outils télématiques ou de boîtiers de suivi aide à mesurer les progrès et à encourager les bons réflexes.
Certaines entreprises vont plus loin en intégrant l’éco-conduite dans les entretiens annuels ou les primes de performance.
Optimiser le taux de chargement et la palettisation pour limiter les trajets à vide
Un camion qui roule partiellement vide représente une perte économique autant qu’un surcoût écologique. Maximiser le taux de remplissage de chaque véhicule réduit le nombre de trajets nécessaires et donc vos émissions globales.
Cette optimisation commence dès la préparation des commandes.
Travaillez votre palettisation pour exploiter au mieux le volume disponible dans vos véhicules. Une palette bien organisée gagne en stabilité et permet d’empiler davantage de marchandises.
Utilisez des logiciels de calcul de chargement qui déterminent la meilleure disposition des palettes selon leur poids et leurs dimensions. Ces outils augmentent le taux de remplissage de 10 à 20 % en moyenne.
Organisez vos expéditions pour grouper les commandes destinées à une même zone géographique. Vous pouvez certainement retarder légèrement certaines livraisons non urgentes pour constituer des chargements complets plutôt que d’envoyer plusieurs camions partiellement remplis. N’hésitez pas à communiquer avec vos clients sur les avantages de cette approche.
Le retour à vide reste un gaspillage majeur dans le transport. Recherchez des chargements de retour en vous inscrivant sur des plateformes de fret collaboratif. Ces bourses de fret mettent en relation les transporteurs et les chargeurs pour optimiser les trajets. Même un chargement partiel au retour améliore votre rentabilité et votre bilan carbone.
Adopter des emballages réutilisables et recyclables dans la chaîne logistique
Les emballages représentent une part importante des déchets générés par la logistique.
Commencez par éliminer le suremballage. Beaucoup de produits sont protégés par plusieurs couches d’emballage superflues. Évaluez la protection réellement nécessaire pour chaque type de marchandise. Des tests de résistance simples permettent d’identifier les emballages surdimensionnés.
Privilégiez le recyclage avec des matériaux comme le carton ondulé non blanchi ou les films plastiques recyclés.
Bannissez progressivement les emballages composites difficiles à recycler.
Par ailleurs, certains plastiques biosourcés offrent désormais des performances comparables aux plastiques traditionnels.
Les emballages réutilisables constituent la solution la plus durable. Les caisses plastiques, les rolls containers ou les palettes consignées font plusieurs dizaines de rotations avant d’être recyclés.
Vous pouvez également mettre en place un circuit de retour avec vos clients réguliers.
Il est aussi possible de travailler avec vos fournisseurs d’emballages pour développer des solutions sur mesure. Ils peuvent vous proposer des alternatives plus durables adaptées à vos contraintes.
Et n’oubliez pas de communiquer sur ces changements auprès de vos clients. Votre engagement pour des emballages responsables renforce votre image et répond aux attentes des consommateurs.
Digitaliser la chaîne logistique pour une gestion plus écologique et fluide
Les outils numériques permettent de suivre les livraisons en temps réel, d’ajuster les tournées en cas d’imprévu et de centraliser toutes les informations sur une même plateforme. Résultat : moins de trajets inutiles, moins d’erreurs, et donc moins de gaspillage.
La dématérialisation des documents (bons de livraison, factures, bordereaux) élimine des milliers de pages imprimées chaque année. En parallèle, les solutions de gestion de stock connectées permettent de réduire les ruptures et le surstockage, deux sources majeures de coûts et d’énergie perdue.
Rendre ses entrepôts plus durables grâce à une gestion énergétique optimisée
L’entrepôt est souvent le cœur de la chaîne logistique… mais aussi un poste majeur de consommation énergétique.
Chauffage, éclairage, ventilation… Ces postes représentent une part importante des coûts d’exploitation. Les optimiser, c’est réduire à la fois vos factures et votre empreinte carbone. La première étape consiste à réaliser un audit énergétique afin d’identifier les équipements les plus énergivores et les leviers d’économie les plus efficaces.
L’isolation thermique constitue la base d’un entrepôt performant. Des portes sectionnelles bien isolées, des rideaux à lanières pour limiter les déperditions et une toiture étanche réduisent considérablement les besoins en chauffage. Ces investissements, souvent soutenus par des aides, sont rapidement rentabilisés surtout avec les prix de l’énergie actuels.
Côté lumière, remplacez les ampoules traditionnelles par des LED équipées de détecteurs de présence. Cette simple évolution permet de diviser la consommation d’éclairage par trois, tout en améliorant le confort de travail.
Pensez aussi à la récupération de chaleur. Les compresseurs d’air, chambres froides ou chariots électriques dégagent une énergie généralement perdue, qu’il est possible de valoriser pour chauffer les bureaux ou les zones de préparation.
Enfin, optimisez la gestion des déchets et des flux internes. Mettez en place un tri sélectif clair et visible. Et sensibilisez régulièrement vos équipes.
Côté organisation, regroupez les produits selon leur rotation pour limiter les déplacements de chariots. Moins de trajets, c’est moins de consommation d’énergie… et plus de productivité au quotidien.
S’entourer de partenaires logistiques engagés dans la durabilité
Votre démarche environnementale perdrait toute crédibilité si vos partenaires ne partageaient pas vos engagements. Choisir des transporteurs, des fournisseurs et des sous-traitants responsables garantit la cohérence de votre chaîne logistique. Et renforce votre image auprès de vos clients.
Pour aller dans ce sens, commencez par établir des critères environnementaux précis dans vos appels d’offres. Demandez à vos prestataires de présenter leur bilan carbone, leurs certifications et leurs actions concrètes pour limiter leur impact.
Dans la mesure du possible, favorisez les partenaires locaux. Réduire les distances de transport diminue automatiquement les émissions et simplifie la coordination logistique. Cette proximité offre aussi une meilleure réactivité en cas d’imprévu et renforce l’ancrage territorial de votre entreprise.
Au-delà du choix initial, pensez à instaurer un dialogue régulier avec vos partenaires. Certains transporteurs développent des solutions innovantes, parfois méconnues, qui peuvent enrichir votre propre démarche.
Il est également important de suivre dans le temps les performances environnementales de vos prestataires. Les engagements pris doivent se traduire par des résultats mesurables. Si les progrès ne sont pas au rendez-vous, n’hésitez pas à revoir vos collaborations. Cette exigence pousse l’ensemble du secteur à progresser.
Impliquer les équipes dans la démarche de logistique durable
Votre stratégie environnementale ne fonctionnera que si vos collaborateurs la comprennent et la portent au quotidien.
Les meilleures décisions peuvent rester lettre morte sans l’adhésion des équipes sur le terrain. Alors que l’implication de tous crée une dynamique collective puissante.
Commencez par expliquer clairement les enjeux et les objectifs de votre démarche. Organisez des réunions d’information pour présenter le diagnostic environnemental de l’entreprise et les actions prévues. Et montrez les bénéfices concrets pour l’entreprise, pour l’environnement et pour eux-mêmes.
Une formation ciblée par métier est évidemment indispensable.
Mais vous pouvez aussi encourager les initiatives individuelles et collectives. Pourquoi ne pas mettre en place une boîte à idées ou des ateliers participatifs pour recueillir les suggestions d’amélioration ? Vos équipes connaissent les process mieux que quiconque. Elles identifient souvent des solutions simples et efficaces que le management n’aurait pas imaginées.
La valorisation des réussites est indispensable pour que cette transition fonctionne. Communiquez régulièrement sur les résultats obtenus grâce aux efforts de chacun. Cette reconnaissance motive les troupes et renforce le sentiment d’appartenance.
Enfin, pour ancrer durablement les comportements, intégrez les critères environnementaux dans l’évaluation des performances.
Chaque amélioration, aussi modeste soit-elle, contribue à changer les pratiques et à faire évoluer les mentalités. L’objectif n’est pas de remplir des cases dans un rapport RSE, mais d’ancrer une nouvelle façon de penser la performance. En avançant avec cohérence et constance, votre entreprise construit une démarche solide, sincère et capable d’inspirer durablement tout un écosystème.
